Page:Barrès – Leurs Figures.djvu/314

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
310
LEURS FIGURES

vert absolument par l’avis du ministre des affaires étrangères et par un vote de la Chambre.

Cela peut paraître l’habileté d’un homme qui veut qu’on l’invite à se taire, c’est surtout une grave méconnaissance de la curiosité des assemblées. Certes une majorité était prête à ratifier le succès de Millevoye, mais il ne fallait point qu’il bronchât.

Le ministre Develle commença de se dérober :

— Il nous a semblé impossible de recevoir officiellement communication de pièces qui avaient été volées. J’ai ici, comme député, un sentiment de la dignité et de l’honneur égal à celui que j’ai comme ministre, et je ne puis en aucune façon approuver la lecture qui nous est faite.

Le président de la Chambre ne fut pas moins équivoque :

— Ce n’est pas moi qui, tout au moins préventivement, puis arrêter la lecture.

Sur ces deux déclarations si fuyantes, Millevoye pourtant devait prendre son point d’appui. Il ne le sut ou ne l’osa. Trop engagé, nerveux, demi-malade, il se perdit à cette minute même en cédant aux badauds, aux conjurés peut-être, qui réclamaient une lecture totale.

M. de Cassagnac venait de se lever :

— Il nous faut maintenant, monsieur, aller jusqu’au bout. Nous ne pouvons plus faire autrement.