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LE SABBAT NORTON

sade anglaise à Paris, puis enfin une liste de « reptiles ». Il promettait des pièces authentiques contre une somme de cent mille francs. Peu après, il s’était dédit. Intimidé par les menaces de l’ambassade qui le soupçonnait, il n’offrait plus que des copies. Seule, la « liste des reptiles » était l’original venu de Londres.

Déroulède demanda la qualité officielle de ce Lister. Ni Morès ni Millevoye ne pouvant la préciser, il alla sur-le-champ chercher à la bibliothèque de la Chambre l’Almanach de Gotha. On n’y lisait point T. W. Lister, mais T. V. Lister (Thomas-Villers Lister)

— Écoutez, dit Millevoye, vous êtes plus incrédule que Develle. Nous agissons de bonne foi ; nous voulons soumettre ces pièces au gouvernement, à la Chambre et à la Justice. Ce matin nous étions au Quai d’Orsay. Une partie de ces lettres confirment des renseignements que Develle possède par ailleurs. Il s’étonne seulement de voir le nom de Rochefort sur la liste. Pour Norton, il va se renseigner. Il nous a priés de venir conférer ce soir avec le président du conseil. Voulez-vous les entendre de vos propres oreilles ?

Le soir du même jour, vers neuf heures, Ducret, Morès, Millevoye, Déroulède et Develle faisaient cercle autour du président Dupuy dans son cabinet de la place Beauvau. Millevoye prit la parole :

— Monsieur le président du conseil, voici les