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CHAPITRE XV

LE SABBAT NORTON

C’est alors qu’enragé de sentir comment de leur extrémité les chéquards ressuscitaient, Millevoye tenta l’opération suprême, l’affaire des faux papiers Norton.

Des parlementaires émargent aux fonds secrets de l’ambassade anglaise. C’est un fait dont nul au Quai d’Orsay ne doute. Le rôle des guinées ! ah ! si l’on pouvait l’établir ! « Quoi ! dirait la nation, ils ne se bornent point à trafiquer de leurs mandants : c’est la France elle-même qu’ils vendent ! Je tolérais des panamistes, mais des Judas, holà ! »

Quand on peut supposer que vous paieriez cher une preuve, c’est assez la coutume qu’un personnage providentiel vous l’apporte. On ne s’étonnera point qu’un misérable se soit trouvé pour fabriquer des documents, mais seulement qu’un homme de bonne foi y ait prêté crédit. Songez toutefois aux lettres de Pigott, un autre Norton, que le Times, trop heureux de compromettre Parnell,