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LETTRE DE SAINT-PHLIN

ils furent légitimes et vrais. Nous chancelions. Alors il nous proposa comme un terrain solide certaine doctrine mi-parisienne, mi-allemande, élaborée dans les bureaux de l’Instruction publique pour le service d’une politique. « Je dois toujours agir de telle sorte que je puisse vouloir que mon action serve de règle universelle », tel était le principe kantien sur lequel Bouteiller fondait son enseignement. Il y a là une méconnaissance orgueilleuse et vite tracassière de tout ce que la vie comporte de varié, de peu analogue, de spontané dans mille directions diverses. En effet, pour conclure, Bouteiller nous enseignait qu’un certain parti possède une règle universelle, propre à faire le bonheur de tous les hommes.

« Cette prétention, qui fait de Bouteiller avec toutes ses tares un apôtre, un fanatique religieux, je la vois également vive chez notre ami Suret-Lefort qui, lui, pourtant n’est qu’un ambitieux. Il m’a demandé de le mener çà et là chez des fermiers qui m’accordent quelque confiance et de le mettre au courant des besoins du pays. J’arrive bien à lui faire entendre, ce que savent les moindres de nos vignerons, que les méthodes pour travailler les cépages, pour négocier les produits, sont bonnes et vraies selon les régions ; on lui fera encore admettre que nos maladies se développent et se traitent différemment selon les divers climats, mais il n’est pas assez plongé dans