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VAINES DÉMARCHES DE STUREL

L’auteur de ce livre demandait à interpeller le gouvernement sur le rôle de l’agent Dupas, secrètement chargé de joindre Arton à Londres et non point de l’arrêter, mais de négocier. Du haut de la tribune, où les clameurs m’immobilisaient, je vis avec dégoût, sur le banc des ministres, Ribot, flanqué de Loubet et Bourgeois, qui tous connaissaient le fait, lever au ciel ses mains impudentes, rire jusqu’à terre, mentir, — lui, le doctrinaire aux cheveux poivre et sel — comme un potache, et s’agiter, se tortiller, se décarcasser. Quelle honte !

Ainsi huilé de sa propre ordure, le parlementarisme échappait d’autant mieux à l’étreinte de ses ennemis. Si décrié, abject, il les faisait rire ; ils en oubliaient de converger à un but réel. Sturel voulut causer avec Drumont. Il traversait les bureaux de la Libre Parole, quand on téléphona du Figaro :

— Est-il vrai que vous publiez le fac-similé d’un chèque Carnot ? Nous en désirerions le libellé pour notre Dernière Heure.

Un chèque Carnot ! Tiens, quelle idée ! Ces allumeurs de haine se divertirent et répondirent :

— Nous ne savons pas encore quel jour nous choisirons ; en tout cas, ce n’est pas pour demain.

Sturel, en entrant chez Drumont, lui dit :