refuse, je fais appel à ceux qui m’ont accusé légèrement, mais de bonne foi. Je dis à M. Déroulède, à M. Millevoye : voulez-vous faire partie d’un jury d’honneur qui ouvrira ce pli et pèsera les preuves ? Adjoignez-vous mes pires ennemis, pourvu qu’ils soient loyaux et patriotes comme vous ; prenez M. de Morès, l’ennemi de ma race ; je désignerai de mon côté de hautes personnalités françaises, et tous ensemble, vous examinerez cette question qui en vaut la peine : Cornelius Herz est-il un traître ?
Cette histoire, ce battage, par sa grossièreté, irrita au plus haut point Sturel. Déjà Herz venait de l’excéder avec ces documents et ces photographies qu’il le forçait d’examiner, d’emporter, et qui, désagréables à certains personnages, n’éclairaient point les questions pendantes. Il dit alors à ce grand-officier de la Légion d’honneur, sur l’air de : « Est-ce que vous vous f… de moi, mon garçon ? »
— Vous croyez vraiment que c’est un nommé Lehubotel qui déchaîne tout l’orage ?
— Non, dit Herz, on veut surtout atteindre à travers moi le leader du parti radical. On a bien tort, au reste, de m’identifier avec ce parti. En donnant mes papiers à M. Andrieux, n’ai-je pas suffisamment marqué mon indépendance de toutes coteries politiques ?
Il semblait nourrir contre Andrieux et Clemenceau une vive rancune.