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VAINES DÉMARCHES DE STUREL

du parti, s’accordaient pour pousser à la démission en masse. Et le moyen de l’obtenir, c’était un nouveau, un pire scandale. Mais Andrieux faisait des réserves sur son rôle :

— Je commettrais une impardonnable légèreté, et, comme le malheureux Numa Gilly, je m’exposerais à réhabiliter les plus compromis, si je nommais nos braves concussionnaires sans avoir des preuves décisives entre les mains. C’est une chose de savoir Bouteiller et Nelles des fripons ; c’est une autre chose de les faire condamner. Ma tâche fut de livrer à la Commission d’enquête des documents révélant les bénéficiaires des chèques Thierrée avec une note de M. Jacques de Reinach qui finissait ainsi : « 1,340,000 francs touchés en divers chèques par Arton et distribués à 104 députés dont il peut fournir la liste. » J’ai donné quinze noms de sénateurs ou députés qui, presque tous, ont avoué. Quant aux 104, c’est l’affaire d’Arton.

On arrivait au cœur du sujet. Pourrait-on s’aboucher avec ce Juif-Errant ?

— L’excellent Arton, répondit Andrieux, se cache à Londres. Je sais tous les détails de son séjour par quelques agents de la préfecture qui restent à ma solde. Je lui ai fait demander s’il consentirait, pour une somme assez considérable, à nous livrer ses documents relatifs au Panama.

— Voilà donc une chance du côté Arton. Vous