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VAINES DÉMARCHES DE STUREL

qu’en ce janvier 1893, concluant pour Eiffel, il osa s’écrier que ce personnage avait donné « à la pauvre humiliée de 1870 l’aumône d’un peu de gloire ». Propos d’une effronterie à faire rougir le singe de M. de Lesseps à la Chesnaie, mais il fallait qu’Eiffel en eût pour son argent.

On retrouve au cours de ce procès les mêmes ventes d’influences qui motivèrent les poursuites. Les honoraires de M. Barboux furent de douze mille francs et ceux de M. Waldeck-Rousseau de cent mille : c’est que maître Waldeck est une grande influence gouvernementale et maître Barboux, simplement un grand avocat.

MM. Ferdinand et Charles de Lesseps eurent cinq ans d’emprisonnement et trois mille francs d’amende. MM. Marius Fontane, Cottu et Eiffel, deux années et vingt mille francs d’amende. M. Ferdinand de Lesseps n’usa pas du droit de faire opposition. Il n’attendait que la mort. Les quatre autres allèrent en cassation. Qu’ils veuillent bien se calmer dans leurs cachots, auprès de leurs baquets puants : le gouvernement de longue date leur a ménagé le bénéfice de la prescription. Voilà un escamotage dont les antiparlementaires refusent de voir les préparatifs. Ils croient que les administrateurs se réservent de parler devant le jury. Eh bien ! ce retard même offre des dangers : la foule, lasse de penser toujours au même scandale, pourra se retourner vers d’autres « attractions ».