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L’ENVERS DE L’HÉROÏSME

vitation à comparaître, j’avais toujours les mains vides ! Quelle angoisse et quelle colère ! L’avant-veille du jour fixé pour mon audition, je revins à Paris, je courus chez mon ami : « Faites attention, lui dis-je, si vous et votre compagnon me manquez de parole, je vous perds. Je n’ai plus qu’à agir comme on fait en Angleterre. Je monterai à la tribune pour déclarer : — Je demande pardon à la Chambre et au pays ; voici de qui je tiens les faits que j’ai énumérés. » Je les épouvantai. À la dernière minute, sans se couper une ligne de retraite et de négociation, ils me donnèrent, à défaut de ce qu’ils m’avaient promis, le moyen de prolonger les inquiétudes du gouvernement. Maintenant, me dis-je, laissons-nous traîner dans la boue et puis, le moment venu, lisons à la tribune les chèques Thierrée ! Clément n’avait pas voulu prendre les talons des chèques, mais au cas, fort improbable, que Thierrée les eût brûlés, il en existait des photographies qui m’eussent couvert en cour d’assises… Après l’intervention d’Andrieux et les sacrifices consentis par le gouvernement, mes instruments sont périmés. Est-ce à dire que ma confiance faiblisse ? La vérité sortira et combattra pour nous. Laissez les parlementaires se croire bien malins ; ils ont la maladie dont ils mourront : c’est Panama !

Sturel venait à Chantocelles pour chercher des armes. Il ne pouvait pas se consoler, comme fai-