parlerez qu’au pays. À cette minute, si l’opposition démissionne en masse, nous contraindrons le gouvernement à une dissolution. Nous reviendrons en majorité, et, par une vaste commission d’enquête, nous saisirons la dictature.
Delahaye approuvait la démission en masse, mais il ajoutait :
— Si je nomme les chéquards, ils sortiront des tribunaux réhabilités et moi plus chargé de prison que Latude.
— Vous n’avez donc aucune preuve, Delahaye ! Cri de déception, mais aussi d’admiration !
Tous deux se réjouirent durant quelques minutes. L’audacieuse opération de Delahaye leur paraissait, comme disent d’un seul mot les mathématiciens, élégante. Quel honnête homme ne s’associerait à leur allégresse ? Voilà donc une situation où le vice est ridicule et dans laquelle les petits enfants eux-mêmes peuvent toucher les inconvénients d’une mauvaise conscience : ces poignards brandis par les antiparlementaires et dont blêmissaient les chéquards, c’étaient des poignards de carton ! Les Delahaye, les Andrieux, les Drumont qui criaient dans le Palais-Bourbon : « Tremblez, chéquards, nous savons tout ! » en réalité savaient peu et ne pouvaient prouver rien.
Delahaye en donna les raisons à Sturel :
— Les administrateurs du Panama, désireux