force que les jeunes officiers sollicitent de dépenser aux colonies. On distingue en outre dans son cas de l’orgueil romantique. Oui, de l’orgueil, cette foi en soi-même assez forte pour qu’il s’oppose à toute une société et qu’il assume sans mandat la tâche de justicier ! Son amour de la justice avait quelque chose de séditieux.
La nuit tombait quand il descendit à Tronget, troisième station après Moulins. Il coucha en face de la gare, dans l’auberge de Robin, et sitôt levé se fit conduire à Chantocelles.
C’est une maison solitaire, sur une colline, à cinq kilomètres du pain et du clocher. Au nord et à l’ouest, des forêts de chênes ferment assez court son horizon, mais, à l’est et au midi, elle embrasse une immensité de haies, de chemins creux, de rares et pauvres fermes, jusqu’aux lointaines montagnes du Morvan et du Forez. De ce Chantocelles, dans un ciel étendu comme sur la mer, on voit les nuages naviguer et former des orages.
Ce décor convenait à la méditation monotone où pendant vingt-quatre heures François Sturel et Jules Delahaye réunirent leurs fièvres.
— Remontez à la tribune, disait Sturel ; constatez que la Commission d’enquête se refuse à enquêter, puis, sur les violences qui ne manqueront pas de vous assaillir, annoncez qu’à cette Chambre décimée, suspecte, criminelle, vous refusez de nommer les chéquards et que vous ne