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LEURS FIGURES

Grande Armée cosmopolite, une riche variété de tempéraments. Au Palais-Bourbon, le psychologue trouve une collection complète d’individus propres à lui rendre intelligible, région par région, la nationalité française. Ces médecins, ces avocats, ces industriels ne sont ni rares, ni exceptionnels, mais précisément par cette médiocrité qui leur permit de ne point offusquer l’électeur, ils nous donnent la moyenne de leur arrondissement.

Dans cette bigarrure, une seule chose d’abord est commune à tous : la combativité. Quelles ruses et quelle ténacité ne fallut-il pas au plus humble de ces élus contre ses adversaires, pour les vaincre, et contre ses amis, pour les évincer ! Le siège conquis doit être gardé ! Le député demeure toujours candidat. Jusque dans Paris il bouillonne des haines, des intérêts, de toutes les passions de son arrondissement. Toutefois, ces députés, ces petites bêtes de proie, aussi différentes entre elles que les cinq cent quatre-vingts parcelles de terre où elles furent nourries, adoptent rapidement des mœurs et une âme corporatives. Sous la discipline du Palais-Bourbon et par la force des choses, ils s’approchent d’un certain type parlementaire prudent et peureux, rusé, ennemi de tout héroïsme, appliqué seulement à prendre ses avantages.

L’aventureux Sturel qui, dans une exclamation, venait de trouver le mot de « caponerie » — mot péjoratif et par là peu impartial, — pour qualifier