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LE CADAVRE BAFOUILLE

achetait les parlementaires. Le 30, M. Thierrée, banquier, prodigue les lumières. Il révèle qu’avec l’argent de Panama, les 17, 18 et 19 juillet 1888, M. de Reinach a distribué 4,390,475 francs en vingt-six chèques au porteur. Il est « navré de tenir involontairement le secret de tiers » ; ce lui serait « infiniment pénible de les trahir par une imprudence quelconque », toutefois il doit faire sa déclaration : « Les chèques payés par la Banque de France nous ont été rendus comme d’usage et ils sont restés dans nos archives de caisse. » M. Thierrée ne pourrait s’en dessaisir, — il le déclare spontanément — qu’aux mains de la justice ordinaire.

Elle émerge, la vérité ! Pour la tenir, il suffit que la Justice désire ces chèques, et comment se dispenserait-elle de les désirer ? Au reste, quand on rejetterait du sable sur ce lambeau déterré du mort, voici que par ailleurs le cadavre bouillonne.

Drumont à Sainte-Pélagie s’inquiète de l’audace de Proust qui poursuit la Libre Parole et qui sommera qu’on fournisse une preuve. Toute une campagne entreprise sans un papier, et qui pourtant entraîne la France, peut échouer dans une retentissante condamnation. Andrieux, qui embarqua tout le monde dans cette affaire en promettant des dossiers magnifiques, souffre à Londres auprès de Cornelius le supplice de Tantale ; il