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LEURS FIGURES

fût elle-même dissoute sans la volonté de Suret-Lefort qui s’appliquait systématiquement à garder ses relations. Il appuyait dans les ministères les protégés que Saint-Phlin lui recommandait depuis le Barrois ; il venait d’aider à la nomination de Rœmerspacher, chargé d’un cours d’histoire à l’École des Hautes-Études. Le mariage avec la politique, ou, comme préférait dire Sturel, la prostitution parlementaire, réussissait au jeune député de Bar-le-Duc : un peu sec de naissance, il avait acquis en trois ans de l’optimisme verbal, un ton chaud, une souplesse en quelque sorte physique. Si sévère que fût François Sturel pour un habile qui avait pris le boulangisme comme marche-pied de l’opportunisme, c’est à Suret-Lefort qu’il demanda quelques menus conseils, en juin 1892, quand, perdu de désœuvrement et pour plaire à sa mère, il se fit inscrire au barreau.

À travers le Palais, Suret-Lefort guida Sturel, fort maussade dans son jupon. Ce jour-là M. Prinet, conseiller chargé de l’instruction du Panama, venait d’en remettre le dossier complet à M. le procureur général Quesnay de Beaurepaire. C’était pour tous ces avocats l’occasion d’énumérer les difficultés amoncelées par les politiques afin de créer un déni de justice contre les porteurs de titres. Ils citaient les députés qui, à plusieurs reprises, avaient porté la question à la tribune, tandis que, de mois en mois et d’années en années,