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LEURS FIGURES

M. Constans se mit en colère. Il semblait un homme très blessé qu’on lui tînt ce langage. M. de Reinach était renversé sur un canapé, les talons étalés sur le parquet, loin de la tête, les yeux en l’air. « Autant nous avions vu chez Herz un homme excité et résistant, a raconté Clemenceau, autant chez Constans je le vis détendu, très affaissé. »

— Vous vous êtes mépris ou l’on vous a trompé, disait Constans. Je n’ai aucune action sur qui que ce soit dans les journaux qui vous attaquent ou qui attaquent en ce moment certains de mes collègues, et, par conséquent, je ne puis en aucune espèce de façon intervenir.

— Il faut arrêter cette polémique, répéta Reinach.

M. Constans dit à plusieurs reprises :

— C’est impossible, je ne sais pas… Je veux bien chercher… essayer… Ne comptez pas sur moi… Je ne réussirai pas… Je ne peux pas.

Dans les conversations où l’un demande une chose que l’autre refuse ou ne veut pas accorder, c’est toujours la même phrase qu’on échange deux ou trois fois. Les gens d’esprit net sentent bien alors dans l’accent d’un homme excédé et dans son regard, qu’il n’y a pas à insister.

D’après Constans, Clemenceau se serait tourné vers Reinach et lui aurait dit :

— Vous voyez bien !