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JOURNÉE D’AGONIE DE REINACH

recevoir à cette heure. Il eut un petit mot pour rappeler à M. Clemenceau qu’il ne l’avait pas vu depuis plusieurs mois.

M. Clemenceau répondit que M. de Reinach allait lui dire la raison de sa visite : il devait savoir que le bruit courait qu’il était au fond de cette campagne,

M. Constans accueillit cette déclaration par les protestations les plus violentes. Comme Clemenceau, il était debout. Ils se tournèrent l’un et l’autre vers Reinach qui était assis sur un canapé, car il portait une rude chape.

De l’air d’un homme qui sort d’un rêve, Reinach reprit le thème de Clemenceau en le précisant :

— Je viens vous trouver, vous trouver précipitamment, parce qu’on me dit que vous avez une action suffisante sur un journal du matin pour l’empêcher…

(Un journal du matin ? Halte-là ! c’est une erreur, et sans doute une erreur calculée. Reinach, qui documentait la Libre Parole, n’est pas venu prier M. Constans de faire taire ce journal. C’est sur Ducret et la Cocarde que M. Constans agissait. Mais nous rapportons les dires de M. Constans.)

— Qui : on ? Quelle est la personne qui vous a dit cela ?

— Je l’ai lu.