Cornelius. Rouvier héla un fiacre devant la gare du Trocadéro et rentra chez lui en traversant le Bois.
Oh ! l’incompréhensible scène ! Soit : ces grands personnages, montés dans de telles circonstances chez le puissant Cornelius, n’y prononcèrent pas un mot ! Mais, tout de même, quel terrible et véhément dialogue ils auraient échangé s’ils avaient connu leurs rapports réels ! Et vraiment, les ignoraient-ils ?
Clemenceau devançant chez Cornelius les deux suppliants qui l’avaient décidé à intervenir lui aurait rapidement indiqué la situation parlementaire, puis baissant la voix :
— Ce papier que je vous ai porté en 1890 et qui constitue contre Rouvier, contre Reinach et contre les amis de Rouvier la preuve la plus écrasante, que comptez-vous en faire ?
— Je n’ai pas pris de décision ; je verrai.
— Reinach suppose que vous seriez disposé à remettre à un journaliste ou à un homme politique les chèques qu’il vous a confiés. Vous sentez dans quelle situation le pauvre bougre se trouverait ! À la fois corrupteur et délateur ! il serait écrasé comme dans un étau. Voilà ce qui l’affole !
Et comme on entendait le pas des deux pèlerins dans l’antichambre et que Cornelius ne répondait toujours pas, Clemenceau aurait eu fort raison de lui dire rapidement :