les citations qui doivent être délivrées par M. le Procureur général près la Cour d’Appel de Paris, il m’est impossible de répondre aux interpellations…
Eh quoi ! les citations vont être délivrées ! Loubet saisit sa plume, il n’hésite plus dans cette extrémité à empiéter sur les pouvoirs du garde des sceaux. Il fait immédiatement porter un billet au procureur général :
« Graves nouvelles reçues d’Italie forcent à surseoir. Ne faites rien sans m’avoir vu. Je quitte à l’instant la Chambre et vous attendrai au ministère. »
Quelque chose pourtant rassure les députés dans la phrase équivoque de Ricard. C’est qu’il repousse l’interpellation. Les parlementaires l’applaudissent, cependant que les antiparlementaires le huent. Les trois interpellateurs défilent à la tribune pour protester ; ils réclament que la question de Panama soit largement discutée lundi. Les Bouteiller haussent les épaules ; ils espèrent bien que le Parlement servira ses propres intérêts contre des brouillons. C’est compter sans les jeunes parlementaires. « Oserai-je intervenir ? » se demande Suret-Lefort qui pèse le conseil de Sturel. Et tout d’un coup Barthou le devance :
— Je demande la parole.
Louis Barthou, ce Béarnais, en 1892, c’est un nouveau de la majorité, une sorte de fantassin,