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JOURNÉE D’AGONIE DE REINACH

pouvons nous rappeler comme un agréable spectacle cet après-midi où nous le vîmes mentir.

Dix minutes après, sur les bancs de la Chambre, on se passait de main en main une feuille sympathique au président, le Jour, qui venait de paraître et qui, trop tard informé de la volte-face obtenue par Reinach, annonçait qu’au cours de la séance, M. Floquet ferait une déclaration sensationnelle : « Il dira qu’effectivement, étant président du conseil et ministre de l’intérieur, à une époque de péril national, il n’a pas hésité — en présence d’adversaires qui dépensaient sans compter des sommes venues on ne sait d’où — à demander aux grandes institutions de crédit dont faisait alors partie la Compagnie de Panama leur concours financier en vue de la lutte engagée. » (Interview d’un des familiers et des amis de Floquet. Le Jour, 20 novembre 1892.)

Les rires montaient jusqu’au malheureux président. Il n’osa pas rappeler que le règlement interdit aux députés de lire leurs journaux en séance.

Le plan des concussionnaires continuait à se dérouler. Ricard, chapitré, contraint par les amis de Reinach, occupe la tribune et lui qui, le 10, a demandé la discussion à huitaine, il déclare solennellement :

— La Justice étant à l’heure actuelle saisie par