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LEURS FIGURES

leurs accents, leurs visages, leurs sueurs, furent tels qu’on se sentit entraîné aux plus effroyables hypothèses.

D’après Rouvier et Clemenceau, Reinach croyait n’être pas inculpé. Il doutait même de figurer au procès comme témoin. Seulement un journal, la Cocarde, dirigée par Ducret, l’attaquait, et cela, il le ressentait avec une telle vivacité qu’il disait que c’était pour lui une question de vie ou de mort. Il affirmait que M. Herz pouvait faire cesser les attaques, et M. Rouvier, sans connaître d’ailleurs le moyen de M. Herz, consentit à se rendre chez lui pour l’inviter à s’interposer. Quant à M. Clemenceau, il accompagnait ces deux messieurs en personnage muet et seulement afin que Rouvier eût un témoin de sa conversation. D’ailleurs, M. Rouvier n’ouvrit pas la bouche !

Les impossibilités de ce système sautent aux yeux.

Qui croira que Jacques de Reinach, banquier puissant, Rouvier, ministre des finances, et Clemenceau, merveilleux tacticien, se soient proposé comme « une question de vie ou de mort », et sans parvenir à la résoudre, d’apaiser ce bon garçon, ou, si vous voulez, cette bonne fille d’Edouard Ducret ?

D’ailleurs, admettre qu’il s’agissait de gagner à tout prix Ducret, c’est admettre la véracité de ses accusations. Dès lors, que penser d’un membre