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CHAPITRE VI

LA JOURNÉE D’AGONIE DU BARON
DE REINACH

(19 novembre 1892)
Toute la nuit ses bourreaux le laissèrent sanglant et mutilé. Au matin, ils revinrent et lui dirent : « Allons ! aujourd’hui, il faut faire une petite promenade en ville. »
(Récit d’un martyre en Chine.)

Dans la nuit du 18 au 19, le baron n’a guère dormi. Debout dès l’aube, il court, le long du Bois de Boulogne si humide en novembre, chez Rouvier. Il lui annonce qu’il n’a pas pu déterminer Cornelius Herz à passer à Saint-James ou au ministère.

« Cornelius se disait souffrant, — a raconté par la suite Rouvier à la Chambre. — M. de Reinach, renouvelant ses instances, m’a demandé de l’accompagner… Il me répondait que c’était pour lui une question de vie ou de mort… Et alors, je ne sais si c’était prudent,