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L’APPEL AU SOLDAT

pas croire au succès du Panama ; et par l’impossibilité même de porter ce coup à l’épargne française, il s’accule à accorder plus tard ce qu’il refuse d’abord.

Dégoûté de cette indécision, Bouteiller avait aidé à la chute du cabinet Brisson, et vu avec plaisir, le 6 janvier 1886, un ministère Freycinet, où M. Baïhaut obtenait le portefeuille des Travaux publics. Cependant la commission parlementaire, ayant examiné les pétitions des actionnaires, approuvait un rapport de M. Louis Richard, député de la Drôme, — rédigé en sous-main par M. Marius Fontanes, secrétaire général de la Compagnie de Panama, — mais elle lui interdisait de le déposer sur le bureau de la Chambre jusqu’à plus ample information. Ce retard contraria vivement les administrateurs, qui n’avaient plus d’argent. Ils créèrent 362.613 obligations de 500 francs 4 p. 100, émises à 333 francs et dont ils attendaient environ 120 millions. Ils n’osèrent pas tenter une souscription publique et mirent ces titres en vente à la Bourse et aux guichets des établissements de crédit. Ils n’en placèrent que pour 19 millions : de plus en plus se vérifiait que seule une émission à lots attirerait les souscripteurs.

— Êtes-vous en mesure de compter sur la commission ? leur dit Bouteiller. — Nous avons fait le nécessaire. — Et Richard ? — C’est un homme à nous. — Eh bien ! qu’il passe outre !

Ainsi fut fait. Le 17 janvier 1886, le ministre Baïhaut apporta à la Chambre un projet tendant à autoriser l’émission de valeurs à lots et signé de MM. Sarrien, ministre de l’Intérieur et Sadi Carnot, ministre des Finances. Une commission parlemen-