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L’ÉPUISEMENT NERVEUX CHEZ LE GÉNÉRAL

d’Ixelles, assassiné par des journalistes et des politiciens, maîtres d’une France momentanée et grands ennemis de la France éternelle.

Onze heures et demie ! l’ouvrier a quitté son travail pour aller déjeuner. Le Général, masqué par le buisson, la colonne et le petit sapin, s’assied à terre, le dos appuyé contre la pierre tombale, et se décharge son revolver sur la tempe droite.

La balle sortit du côté gauche du crâne, produisant à son entrée un trou presque imperceptible, mais laissant à l’issue une plaie aussi large qu’une pièce de deux francs. Le corps roula, tandis que le sang coulait dans la belle barbe blonde et sur le sable funéraire. La mort fut instantanée. Deux minutes après, M. Dutens d’abord, puis M. Mouton, apparurent. En vain avaient-ils pressé leurs fiacres, en vain couraient-ils depuis l’entrée du cimetière. Des visiteurs affolés criaient :

— C’est fini ! Le Général Boulanger vient de se tuer !