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CHAPITRE XX

L’ÉPUISEMENT NERVEUX
CHEZ LE GÉNÉRAL BOULANGER

Six mois après ce voyage à Jersey, Sturel, se promenant un peu désœuvré à travers les rues, fut hélé d’un fiacre par Suret-Lefort et l’accompagna dans diverses courses de ministère en ministère.

Ils ne s’étaient pas vus depuis la dissolution du Comité. Sturel félicita son ami d’un discours habile sur la mévente des madeleines de Commercy. Mais le député se plaignait. Il trouvait les chemins du pouvoir barrés par de vieux chefs d’emploi. Les Constans, les Rouvier, les Roche, tenaient leur autorité de leur collaboration avec Gambetta, et voici qu’une seconde ligne se formait avec les Bouteiller et les gens qui avaient brillé contre Boulanger. — Comment veux-tu que je leur passe dessus ? concluait mélancoliquement le jeune député de la Meuse.

— Le Général nous délivrerait d’eux.

— Boulanger ! Je l’avais jugé, mon cher Sturel. Celui qui nous débarrassera du Parlement, c’est un homme du Parlement.