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L’APPEL AU SOLDAT

je suis momentanément vaincu ; vous n’empêcherez pas nos ennemis, et peut-être certains de nos amis de le croire. Je le regrette pour vous plus que pour moi. Je refuse vos démissions. Si vous croyez devoir les maintenir malgré ces observations, je les accepterai plus tard. Peut-être, d’ici là, aurez-vous réfléchi que le boulangisme n’est pas aussi mort que vous le dites. Il est malade, certainement ; mais si vous n’écoutez pas mon avis, c’est vous qui lui aurez porté le dernier coup.

« Agréez, je vous prie, mes chers amis, l’assurance de mes sentiments personnels les plus dévoués. »

À Guernesey, la maison de Victor Hugo ne suffit pas à les avertir sur les avantages de l’entêtement politique. Ils ne comprirent pas qu’il s’agissait pour eux de durer jusqu’à ce que la France produisît en pleine terre les sentiments qu’ils avaient cultivés un peu prématurément. Ils méconnurent cette grande vérité, si consolante pour des précurseurs, que « la patience est ce qui, chez l’homme, ressemble le plus au procédé que la nature emploie dans ses créations ». Ces magnifiques impatients s’étaient constitués pour enlever le pouvoir et non pour semer des principes.

Au second tour de scrutin, un seul boulangiste sortit, Girou, qui fit la paire avec Grébauval.

Alors, au Comité, rue de l’Arbre-Sec, devant tout l’état-major du parti, les pèlerins de Jersey racontèrent leur mission :

— « Paraître ou disparaître », avons-nous dit au chef. Son refus nous accule à la nécessité de nous dissoudre.