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LA VALLÉE DE LA MOSELLE

cette rivière, chargés des importantes contributions d’un long territoire. En quatorze jours, leur allure avait bien changé. Ce n’étaient plus des jeunes torrents qui font de l’écume et des jeux de lumière sur tous les obstacles, mais des masses qui veulent qu’on cède où elles portent leur poids. Le puissant pont de la Moselle, la ville sur la droite, la haute forteresse d’Ehrenbreitstein, le Rhin considéré comme l’âme d’un Univers nouveau, leur composaient dans la nuit un accueil qu’ils acceptèrent avec des sympathies de poètes, mois aussi avec les réserves d’hommes pour qui il y a des vérités nationales. C’est bon pour la Moselle éperdue qu’elle se jette de toutes ses puissances dans le Rhin ! Et s’ils ne peuvent empêcher la pente de leurs curiosités vers la vallée du fleuve magnifique, du moins, à ce point extrême d’un grand courant français, ils savent se dire : « Attention !. nous appartenons à la France. Plus avant s’étendent des espaces étrangers et que nous aurions à comprendre comme tels, bien loin de nous y confondre ! »

(Coblence.)

À Coblence, toute allemande et qui ne sait plus qu’elle a été le chef-lieu du département français de Rhin-et-Moselle, Sturel et Saint-Phlin devaient une visite au tombeau de Marceau, « soldat à seize ans, général à vingt-deux, » mort au champ d’honneur. Ils trouvèrent au Pétersberg, dans les glacis du fort François, un terrain de quelques mètres, très vert, très ombragé, et bloqué étroitement par la gare de la Moselle. Autour de la pyramide glorieuse, une tren-