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L’APPEL AU SOLDAT

plus changé dans ce val de la Moselle que le dialogue des cloches qui, de village à village, en fait seul l’animation.

Sturel et Saint-Phlin s’intéressent à voir les constructions se conformer à un type uniforme selon les nécessités du sol et du travail : ici le rez-de-chaussée toujours élevé de sept ou huit marches, ailleurs toujours à ras de terre ; des balcons ou non, selon que la montagne abrite du vent. Dans les villes, les inventions du luxe, les modes de la capitale combattent les agencements de simple commodité ; dans les groupes ruraux, c’est la seule préoccupation de l’utile qui domine, et toutes ces humbles maisons qui s’assurent ce que le lieu comporte de bien-être sont esthétiquement supérieures à certaines constructions urbaines, riches, mais dénuées de sens. Quant aux êtres vivants, on sent leur analogie entre eux et avec leurs prédécesseurs. Ces petits garçons et ces petites filles, qui manifestent par un même cri leur étonnement, leur plaisir de voir des bicyclettes, deviendront semblables à ces vieux et à ces vieilles. Ils vivront dans les mêmes maisons et dans les mêmes travaux, et les préjugés qu’ils y héritent demeureront longtemps encore les vérités de leur ordre. La civilisation industrielle ne descend pas au-dessous de Trêves, et dans ce couloir de la Moselle jusqu’à Coblence l’emplacement manque, qui permettrait l’installation d’une ville. Aussi des principes conçus dans d’autres milieux perdent ici toute force pour transformer la population indigène. Peut-être aussi est-elle épuisée par de longs siècles d’anarchie.

Dans certains pays des individus apparaissent parfois qui, pour le plaisir de s’agiter, par besoin de se