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L’APPEL AU SOLDAT

nécessités du régime et de regarder, non pas les électeurs, mais la France, ils ont considéré comme eur devoir de s’en tenir obstinément, sans en abandonner une syllabe, au mandat dont ils avaient subi la nécessité. On a vu dès lors les candidats condamnés, pour gagner et pour retenir les électeurs, à la surenchère des promesses ! et ils entrent à la Chambre avec le parti pris et la résolution inébranlable de culbuter, sans se soucier du pays et du repos public, tous les cabinets, jusqu’à ce qu’il s’en trouve un assez hardi, ou assez servile, ou assez niais, pour se charger de liquider leurs engagements…

Ces récriminations et ces politesses obtinrent de sérieux résultats de couloirs ; elles ralliaient dans tous les partis les hommes du parlementarisme. Les journaux subventionnés et les feuilles d’arrondissement les proposèrent aux comités électoraux, sous une forme plus accessible, c’est-à-dire en les mêlant de termes injurieux et pittoresques, tels que « Saint-Arnaud de café-concert », « la Boulange », « la Bande ». Ces ignominies de députés qui défendaient leur pain plus encore que la Constitution allaient dans le moindre village fournir des motifs aux factions héréditaires ; et la longue suite des ancêtres combattaient sous ces noms nouveaux de boulangistes et d’anti-boulangistes.

— Maintenant, il faut agir, — déclara Bouteiller, qui fut vraiment une flamme de haine et d’activité. — La qualité maîtresse de l’homme d’État, dans tous les temps et dans tous les pays, fut le courage d’assumer des responsabilités. Dans la circonstance, il ne faut ni tant d’énergie, ni tant d’audace. Seulement ap-