Page:Barrès – L’Appel au Soldat.djvu/116

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
110
L’APPEL AU SOLDAT

insu elles vont servir. Ce sont autant de compartiments politiques où il entre de la même manière qu’un sage dans les idées des personnages divers qu’il veut déterminer.

Vers Noël, il vit une seconde fois les royalistes Mackau et Martimprey. Le 1er janvier 1888, il osa passer la frontière et surprendre à Prangins l’héritier de César, le prince Napoléon. Le 8 février, rentrant de Paris à Clermont, il fut accompagné jusqu’à mi-chemin par un de ces anonymes qui surgissaient de sa popularité pour lui parler de son étoile et de la France. Cet apôtre, pendant deux heures de nuit, lui répéta d’éloquentes généralités que deux mois plus tôt, en novembre, il lui avait déjà portées à l’Hôtel du Louvre ; il ajouta :

— Ces idées et votre rôle, mon Général, par un grand coup vous les pouvez rendre sensibles à toute la nation. Sept députés sont à élire, le 26 février, par la Marne, la Haute-Marne, la Loire, le Maine-et-Loire, les Hautes-Alpes, la Côte-d’Or et le Loiret. Qu’on y distribue des bulletins à votre nom ! Voilà une riposte à ceux qui déclarent chaque jour votre popularité finie ! Nous ne voulons pas faire un député, — d’ailleurs vous êtes inéligible, — mais organiser sur votre nom, et en dehors de tous les partis, la concentration nationale. Nous inviterons les électeurs à voter pour vous au premier tour, en leur laissant toute liberté pour le second tour. Manœuvre très habile : pour se ménager vos partisans, tout candidat s’abstiendra de vous combattre.

Celui qui parle ainsi, c’est Georges Thiébaud, qui par cette conversation sort de l’obscurité pour entrer dans l’histoire politique de ce temps. Le Général alla