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Huit jours chez M. Renan

que nous sommes des savants, l’un et l’autre, et doués du sens historique. Moi, qui ai écrit les origines du Christianisme, et lui, qui étudie les origines de la Chimie, nous sommes accoutumés à considérer chaque forme du génie humain dans son développement, depuis la racine, depuis la germination sourde, jusqu’à la fleur. J’ai vu que Jésus n’était le Christ qu’on adore que pour avoir réussi ; s’il n’eût pas su manier les hommes, il ne conquérait pas ses apôtres, il n’émouvait pas le peuple : il demeurait un rêveur sans histoire. Berthelot m’affirme qu’il y eût parmi les alchimistes des intelligences de premier ordre, des génies en puissance, à qui il n’a manqué, pour être les véritables serviteurs de l’intelligence humaine, que d’être reconnus par elle. En un mot, d’avoir le succès. Je tiens pour de vaines subtilités du bibliothécaire les dis-