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Huit jours chez M. Renan

en villégiature à Perros, vinrent nous rejoindre, qui imaginèrent de chanter des chansons bretonnes. M. Renan, pour les obliger, entonnait avec eux le refrain de la Reine Anne, qui N’est PAS obscène[1]. Puis, il se tint à l’écart, approuvant de temps à autre, jusqu’à ce qu’il obtînt le droit de se faire oublier[2].

Cette fois encore, je fus frappé de l’écrasante bienveillance de M. Renan, et je lui sus gré de ce qu’elle témoigne de mépris pour le monde extérieur. Son ironie métaphysique est une excellente attitude en face d’un univers qui manque décidément d’imprévu. Ce n’est pas l’optimisme facétieux d’un

  1. Voir la note à la fin de la brochure
  2. On sait du reste, que M. Renan ne fait aucun cas des jeunes littérateurs. Il pense justement que c’est prétention et échec d’écrire avant la quarantaine. (La France meurt des gens de lettres, me disait-il un jour.)