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Huit jours chez M. Renan

il répondit : « Renan, c’est un calotin. » Il avait bien raison. J’ai toujours rêvé de m’enfermer dans une œuvre idéale. J’ai fait ma vie pauvre, pleine d’émotions intimes, exempte des soucis matériels et des influences extérieures. Tandis que d’autres passaient superbes de vie, connaisseurs de tous les tourments et des jouissances, peut-être quelquefois ai-je trop admiré leur sang si chaud et leur jeunesse orgueilleuse. Mais j’ai bien vite reconnu, sous la magnificence de leurs attitudes, l’ignominie du siècle, la tristesse de tous les désirs. Je m’en suis tenu aux choses de l’âme, je suis un prêtre… »

Je ne sais quelle maladresse fut commise dans le service, dont madame Renan profita pour nous interrompre, disant à peu près : « On ne peut plus rien faire de ces filles.