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EXAMEN DES FONDEMENTS

2 première critique, car, comme s’il avait a cœur de réparer aussitôt les ruines qu’il venait de faire au sein de l’antique dogmatisme, comme s’il lui tardait de tirer l’esprit humain du doute pénible où il l’avait jeté précédemment, et de lui rendre à la fin la certitude, la foi et l’espérance dont il l’avait d’abord dépouillé, il s’était empressé, dans cet ouvrage même, d’opposer à la raison spéculative la raison pratique, et de rétablir sur le fondement de la seconde les vérités qu’il avait refusées à la première : la liberté de la volonté, l’immortalité de l'âme, l'existence de Dieu. Mais ce n’étaient là que des indications qui avaient besoin d’être expliquées et développées. Il fallait faire pour la raison pratique ce qui avait été fait pour la raison spéculative ; il fallait la soumettre à un examen régulier et approfondi 1[1] établir l’existence et les caractères de cette faculté, ou, ce qui revient au même, des principes qu'elle fournit à la volonté ; puis montrer comment ces principes impliquent ou appellent certaines vérités que la raison spéculative na pouvait établir, et par là déterminent un nouvel ordre de connaissance, la connais-

  1. A vrai dire, je crois que, lorsque *Kant écrivit la Critique de la raison pure, il comprenait sous ce titre la raison tout entière, la raison, la raison pratique comme la raison spéculative, et de là le caractère général de ce titre et la conclusion de l'ouvrage même. Plus tard il sentit le besoin de faire de l'étude de la raison pratique un ouvrage à part, qui servit en quelque sorte de pendant au premier, lequel devenait alors spécialement la critique de la raison spéculative. - Plus tard encore, comme je l'ai expliqué ailleurs (voyez mon Examen de la critique du Jugement, Conclusion), la Critique du Jugement vint comme relier les deux ailes de tout l'édifice ; - mais, je le répète, dans la première pensée de Kant, la Critique de la raison pure devait représenter cet édifice tout entier.