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LES INSTITUTIONS RÉPUBLICAINES.

et même assemblée, cette assemblée a beau être nommée par le peuple, on a encore le despotisme : tout ce qu’elle veut faire, elle le peut faire aussitôt, ayant à la fois la puissance législative pour traduire en décret ce qu’il lui plaît d’ordonner, la puissance exécutive pour le convertir immédiatement en acte, et la puissance judiciaire pour frapper sans délai et sans obstacle ceux qui résistent à sa volonté. Dictature d’une assemblée ou d’un homme, le despotisme est toujours le contraire de la liberté.

Comme l’a dit justement Montesquieu, il faut que le pouvoir arrête le pouvoir, parce que tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser. Fondée sur l’observation de la nature humaine, qui est partout et toujours la même, cette vérité ne s’applique pas moins à la république qu’à la monarchie. Dans la monarchie, elle a produit la théorie de la balance des pouvoirs, dont nous n’avons pas ici à nous occuper ; mais, si cette théorie est propre à la monarchie constitutionnelle, le principe de la séparation des pouvoirs conserve sa raison d’être dans la république : cette division est toujours une garantie nécessaire de la liberté des citoyens. Aussi Jean-Jacques Rousseau ne l’a-t-il pas moins admise que Montesquieu, et figure-t-elle aussi bien dans les constitutions républicaines de la Suisse et de l’Amérique que dans les constitutions monarchiques de la Belgique et de l’Angleterre.