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LA VERTU DANS LA RÉPUBLIQUE.

il n’y a pas de république. Elle cesse d’être la chose de tous pour devenir ta proie des intrigants ou des ambitieux, exploitant, au profit, de leurs convoitises la portion de pouvoir qui leur est dévolue. Elle est dès lors perdue, et son nom même ne tarde pas à disparaître. Le despotisme vit d’égoïsme et de corruption, mais les républiques en meurent.

Précisons le rôle de la vertu dans la république en la considérant en particulier par rapport à chacun des principes qui composent la devise républicaine.

La république laisse à chaque citoyen toute sa liberté d’action ; mais, pour que cette entière liberté ne dégénère pas en licence, il faut que ceux qui en jouissent sachent se gouverner eux-mêmes et respecter les droits des autres. Or, ce respect de soi-même et des autres, qui a son principe dans celui de la dignité humaine, fait précisément partie de ce qu’on nomme la vertu. Il y a sans doute des lois pour réprimer la licence, qui est la négation même de la liberté ; mais la sagesse antique l’a bien dit : « Que sont les lois sans les mœurs ? » Sans les mœurs de la liberté, les lois sont impuissantes à la préserver des excès qui la ruinent et ouvrent la porte au despotisme. Citoyens, voulez-vous vivre libres au sein de la république, apprenez à respecter en votre personne et dans celle des autres la dignité humaine.