tels publics, soit dans sa propre maison, il proclamait que les offrandes les plus agréables à la divinité étaient celles d’un honnête homme, et que le culte le plus pur qu’on pût lui rendre était la pratique de la vertu. Il spiritualisait et moralisait ainsi la religion.
Si donc il n’était pas exempt de superstition, la superstition même revêtait chez lui un caractère moral. C’est ainsi que, s’il croyait à un démon familier qui veillait sur lui, il attribuait en général à ce démon une fonction toute morale : celui-ci l’avertissait de ce qu’il ne devait pas faire et lui traçait ainsi la route à suivre. On a beaucoup discuté sur le démon de Socrate. Les uns y ont vu un artifice employé par le philosophe pour donner plus de crédit à ses paroles et opérer plus sûrement sa réforme : cette opinion, qui ferait de Socrate un imposteur, ne mérite pas même d’être réfutée. D’autres ont pensé que ce n’était là qu’une figure dont Socrate se servait pour représenter les inspirations de sa conscience ou de son génie. Cette explication, plus admissible que la première, est tout à fait insuffisante : quand Socrate parlait de son démon familier, il y avait là évidemment pour lui quelque chose de plus qu’une simple métaphore. D’autres, au contraire, se fondant sur les signes qu’il croyait recevoir de son démon, sur les avertissements prophétiques qu’il lui attribuait au sujet de lui-même ou des autres, sur les extases