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première leçon

sait corps, soutenait ici le zèle jaloux des prêtres, car le paganisme eut aussi son intolérance, à la fois religieuse et civile.

Je n’ose parler des mœurs : comment nommer seulement ces amours infâmes auxquelles les Grecs se livraient sans rougir ? La femme, regardée comme indigne d’être aimée, était reléguée dans le gynécée, et, à part l’intérêt de la conservation de la race. comptait pour peu de chose.

Je ne dirai qu’un mot des institutions politiques : elles étaient dominées par l’esprit de cité, esprit étroit, jaloux, cruel, qui n’est que l’esprit de caste agrandi, et en général elles se fondaient beaucoup plus sur le droit de la force que sur les principes de la justice absolue. Pour vous donner un exemple, entre mille, de ce qu’était la politique extérieure des Athéniens, j’emprunte ces quelques lignes à un travail tout récemment publié par M. Bétant dans la Bibliothèque universelle[1] (Une visite au temple d’Égine) :

« La rivale d’Athènes était terrassée ; cependant son ombre troublait encore ses implacables ennemis. Périclès appelait Égine une tache dans l’œil du Pirée ; il fallait la faire disparaître à tout prix. L’occasion ne se fit pas longtemps attendre : à peine la guerre du Péloponèse était-elle commencée que les Athéniens, sous prétexte d’assurer leur propre

  1. Décembre 1861.