ne manque pas d’ennemis, déclarés ou cachés, qui aspirent à l’étouffer. Voilà pourquoi il m’a paru bon, ne pouvant dérouler ici tout le martyrologe de la libre pensée, d’esquisser du moins les principales figures de l’histoire de ses persécutions, dans l’antiquité, au moyen âge, dans les temps modernes. Je me bornerai aux noms les plus illustres ; mais je les ai choisis de manière à vous montrer dans ses diverses figures la libre pensée aux prises avec les divers ennemis qu’elle a trouvés successivement en face d’elle, avec le paganisme grec, avec le despotisme des empereurs romains, avec le fanatisme catholique, avec le protestantisme lui-même, du moins avec un certain protestantisme infidèle à son propre principe, et enfin, comme si, en dépit de la doctrine du progrès, le monde était condamné à en revenir toujours au même point, avec un nouveau despotisme impérial, plus savamment organisé que celui des Césars, et mille fois plus oppressif que le régime qu’il prétendait remplacer. De cette manière, j’espère rendre ce court enseignement aussi complet et aussi instructif que possible.
Je commence par Socrate. Il ouvre la liste des martyrs de la philosophie, et il en est peut-être le plus grand et le plus glorieux. Voyons par quelles leçons et par quels exemples il mérita de boire la ciguë.