contre les violences exercées à l’endroit de la pensée humaine. D’un côte, l’esprit d’autorité ; de l’autre, celui de liberté ou de libre examen. Si le premier s’appuie sur certains intérêts d’établissement ou de conservation auxquels le préjugé et la routine sont nécessaires, le second représente le droit le plus précieux, le plus sacré, le plus imprescriptible, le droit de chercher librement la vérité, c’est-à-dire le droit d’user de sa propre raison et de penser par soi-même. Quoi de plus incontestable que ce droit, inhérent à la personne humaine ? Oui, quoi de plus incontestable ; mais aussi quoi de plus ouvertement nié et de plus violemment comprimé ? Aussi quels efforts, quelles luttes, quel courage n’a-t-il pas fallu à ceux qui s’en sont faits les organes ! Ils ont dû y sacrifier leur repos, leur liberté, leur vie même. La philosophie aussi a eu ses martyrs. C’est l’histoire des principaux d’entre ces martyrs que je voudrais retracer ici.
Le christianisme a pieusement conservé dans ses annales la mémoire de ceux qui ont souffert la persécution pour la propagation de ses idées et scellé ses doctrines de leur sang. En même temps qu’il leur rendait ainsi l’hommage qui leur était dû, il voulait proposer au monde leurs exemples, et par ces exemples mêmes prouver la force de sa foi. Il faut le louer de cette pensée ; mais il ne faut pas que son martyrologe nous fasse oublier celui de la