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mais tout à son travail et à son mérite. Il ne sollicite jamais, suivant une expression consacrée dans la langue monarchique, mais qui doit disparaître de la langue républicaine ; et, même pour obtenir ce qu’il a conscience d’avoir mérité, il ne se fait le courtisan de personne. Ce n’est pas en lui qu’on trouvera jamais, soit dans la monarchie, l’étoffe d’un courtisan, soit dans la république, celle d’un flatteur du peuple. Le servilisme, ou, ce qui est au fond le même vice, la flatterie démagogique, lui est en horreur : il a l’âme trop fière pour y descendre, et il sait bien que, selon une énergique parole de Kant qu’on ne saurait trop répéter[1], « celui qui se fait ver n’a plus droit de se plaindre d’être écrasé. » Il n’a pas une moindre répugnance pour le mensonge, qui est aussi une dégradation : et, repoussant tout masque, il veut être vrai en toutes choses. Vous pouvez donc vous fier à sa parole ; c’est celle d’un homme. Le même respect de la dignité humaine

  1. Doctrine de la vertu, page 101 de ma traduction.