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Qu’il se forme, dans le sein même de la République, deux grands partis, un parti conservateur et un parti progressiste, le premier représentant les intérêts établis, le second voulant toujours marcher en avant, le premier contenant le second, le second poussant le premier, c’est là un fait naturel, que nous voyons se produire dans toutes les Républiques et qui est pour elles une source de vie ; mais à quelle condition ce fait peut-il être salutaire, au lieu d’être mortel ? À la condition que les deux partis en présence s’accordent également, comme en Suisse ou aux États-Unis, à ne point mettre en cause la forme même du gouvernement. Cet accord est sans doute difficile à opérer parmi nous, à cause, je ne dirai pas de nos traditions, mais de nos habitudes et de nos vices monarchiques ; mais c’est aux conservateurs intelligents à donner ici l’exemple en se ralliant franchement, sans arrière-pensée, à la République, et en faisant qu’elle devienne réellement ce qu’elle doit être, l’œuvre de tous, au lieu d’être celle d’un parti.