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il est, le seul qui débouche sur le sol italien et qui puisse être fermé et gardé par nous.

« Le Lukmanier, au contraire, est à 149kilomètres de notre frontière, et. si l’on y brisait les rails il faudrait plusieurs jours de marche forcée pour arriver à fermer le passage. Aucun général n’oserait s’enfoncer dans un défilé de 149 kilomètres coupé par des torrents, etc.

« Une poignée d’hommes suffirait non-seulement pour arrêter sa marche, mais pour empêcher son retour. Nos malheureux soldats seraient poursuivis et écrasés comme ceux de Souwarow. »

Inspirées sans doute par le mécontentement que la convention provisoire du 18 avril 1861 a produit à Milan, ces réflexions n’en méritent pas moins l’attention, comme reflétant. l’opinion qui a cours dans le pays ; il serait d’autant plus fâcheux d’en négliger la signification, que les velléités déjà manifestées, de porter les frontières du nouveau royaume jusqu’au sommet des Alpes, seraient fortifiées par un argument tiré des nécessités de la défense nationale.

De malheureux précédents, nous l’avouons, et peut-être même quelques manifestations isolées et sans écho, faites pendant la guerre de 1859 et à la suite de l’annexion de la Savoie, ont pu faire suspecter la volonté de la Suisse de maintenir sérieusement sa neutralité à l’égard de tous, et de repousser toute armée étrangère qui chercherait à franchir son