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HOFFMANN

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LE VIN

Notre siècle a été favorable à la littérature fantastique. Elle y a trouvé sa Renaissance, dont nous n’avons peut-être encore vu que l’aurore. L’honneur de cette nouvelle floraison revient peut-être à la science. Quand celle-ci nous enseigne qu’une légère altération de notre rétine ferait le monde à jamais décoloré, elle suggère à tous la pensée que le monde réel pourrait bien n’être qu’une apparence, comme le savaient déjà les philosophes. Quand elle nous entretient de créatures douées d’organes et de sens différents des nôtres, elle fait pressentir qu’il doit y avoir autant d’apparences de mondes que de formes d’yeux et de variétés d’entendement. La science devient ainsi l’alliée, et, plus encore, l’inspiratrice de l’écrivain fantastique : elle l’encourage à rêver de mondes imaginaires en lui parlant sans cesse de mondes ignorés.

Hoffmann a été le grand rénovateur d’un genre qui n’avait pas varié ses formules depuis le moyen âge,