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jeunes femmes qui, s’étant engoués du genre-Musset, se sont mis à l’imiter, à le copier dans leur vie, tant qu’ils ont pu, et se sont modelés sur ce patron. L’original ici n’est venu qu’après la copie, et n’est pas du tout un original.

« Alfred de Musset est le caprice d’une époque blasée et libertine. »

Il faut passer un mouvement de dépit au critique dont l’arrêt vient d’être cassé par la foule. Nous avons cité cette page maussade et inintelligente parce qu’elle précise le moment où la gloire de Musset, confinée jusque-là dans des cercles étroits, a pris son essor. Le succès du Caprice a plus fait pour sa réputation que toutes ses poésies mises ensemble. Il devint populaire en quelques jours, et ses vers en profitèrent. L’auteur dramatique avait donné l’élan au poète, qui monta aux nues alors qu’il s’y attendait le moins.

L’oeuvre en prose de Musset comprend encore des Nouvelles, des Contes, des Mélanges, et la Confession d’un Enfant du siècle (1836), dont il a déjà été question à propos de George Sand.

La Confession a eu l’étrange fortune d’être presque toujours jugée sur ses défauts et ses mauvaises pages, même par ses admirateurs. La jeunesse d’il y a trente ans lisait dévotieusement les déclamations des deux premières parties, dans lesquelles Musset n’est qu’un médiocre élève de Rousseau et de Byron. La jeunesse d’aujourd’hui condamne le livre sur ces mêmes chapitres, et semble ignorer