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u’elle le dit, et l’adieu de Perdican lui entre au cœur comme une flèche aiguë :

« Adieu, Camille, retourne à ton couvent, et lorsqu’on te fera de ces récits hideux qui t’ont empoisonnée, réponds ce que je vais te dire : Tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux et lâches, méprisables et sensuels ; toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses et dépravées ;….. mais il y a au monde une chose sainte et sublime, c’est l’union de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux. On est souvent trompé en amour, souvent blessé et souvent malheureux ; mais on aime, et quand on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière, et on se dit : J’ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois, mais j’ai aimé. C’est moi qui ai vécu, et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui. »

Il sort, et va braver étourdiment la divinité vindicative qui ne permet pas qu’on joue avec l’amour. Le cruel badinage de Perdican avec une pauvre petite paysanne cause deux victimes : l’innocente Rosette, qui meurt d’avoir été trompée, et l’orgueilleuse Camille, que le regret du bonheur entrevu consumera sous son voile de religieuse. L’amour est vengé des deux insensés qui lui avaient menti.

On ne badine pas avec l’amour fut le dernier drame de Musset. Un rayon de gaieté descendit sur son théâtre et s’y posa. La Quenouille de Barberine (1er août 1835) nous montre comment une femme