Page:Barine - Alfred de Musset, 1893.djvu/146

Cette page n’a pas encore été corrigée

. Des arbres de carton et un soleil électrique sont encore beaucoup trop réels pour Fantasio.

On ne badine pas avec l’amour (1er juillet 1834) est peut-être le chef-d’œuvre du théâtre de Musset. La pièce est de moindre envergure et moins puissante que Lorenzaccio, mais elle est parfaite. Écrite au retour d’Italie, elle préconise déjà la mâle résignation du Souvenir aux souffrances qu’entraîne l’amour :

   …. O nature ! ô ma mère !
    En ai-je moins aimé ?

« Je veux aimer, mais je ne veux pas souffrir », dit Camille, instruite au couvent à toutes sortes de prudences douillettes et poltronnes.

—Pauvre enfant, lui répond Perdican : « Tu me parles d’une religieuse qui me paraît avoir eu sur toi une influence funeste ; tu dis qu’elle a été trompée, qu’elle a trompé elle-même, et qu’elle est désespérée. Es-tu sûre que si son mari ou son amant revenait lui tendre la main à travers la grille du parloir, elle ne lui tendrait pas la sienne ?

CAMILLE.

« Qu’est-ce que vous dites ? J’ai mal entendu.

PERDICAN.

« Es-tu sûre que si son mari ou son amant revenait lui dire de souffrir encore, elle répondrait non ?

CAMILLE.

« Je le crois. »

Elle ne le croit déjà plus, au moment q