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ssassiné par Octave, qui exhalait aussi ses remords en lamentations poétiques, comme il le fait dans la pièce : « Moi seul au monde je l’ai connu…. Pour moi seul, cette vie silencieuse n’a point été un mystère. Les longues soirées que nous avons passées ensemble sont comme de fraîches oasis dans un désert aride ; elles ont versé sur mon cœur les seules gouttes de rosée qui y soient tombées. Coelio était la bonne partie de moi-même ; elle est remontée au ciel avec lui…. Ce tombeau m’appartient : c’est moi qu’ils ont étendu sous cette froide pierre ; c’est pour moi qu’ils avaient aiguisé leurs épées, c’est moi qu’ils ont tué. » S’étant dit ces choses sur le mal qu’il se faisait à lui-même, Musset prenait son chapeau et retournait aux « bruyants repas », aux « longs soupers à l’ombre des forêts ». Coelio ne ressuscitait que pour être tué de nouveau, et il avait chaque fois la vie un peu plus fragile.

Quant au sujet de la pièce, il est contenu dans une des épigraphes de Namouna : « Une femme est comme votre ombre : courez après, elle vous fuit ; fuyez-la, elle court après vous ».

C’est encore d’un crime contre l’amour qu’il s’agit dans Fantasio, écrit avant le voyage d’Italie et publié le 1er janvier 1834. La princesse Elsbeth, fille d’un roi de Bavière, d’une Bavière située dans le pays du bleu, a consenti par raison d’État à épouser le prince de Mantoue, et elle pleure quand on ne la voit pas, parce que son fiancé est un imbécile qu’il lui est impossible d’aimer. Elle n’ignore pas que le