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D’abord, un mouvement lent, donnant une impression de paix et de sérénité. Le poète assure la Muse qu’il est si bien guéri, qu’il trouve de la douceur à lui parler de ses anciennes souffrances :

    Vous saurez tout, et je vais vous conter
      Le mal que peut faire une femme.

Il commence avec assez de calme le récit de la nuit passée à attendre l’infidèle. L’approche de la tempête s’annonce bientôt par des vers frémissants, mais le poète se contient encore. L’ouragan se déchaîne subitement :

    Tout à coup, au détour de l’étroite ruelle,
    J’entends sur le gravier marcher à petit bruit…
    Grand Dieu ! préservez-moi ! je l’aperçois, c’est elle ;
    Elle entre.—D’où viens-tu ? qu’as-tu fait cette nuit ?
    Réponds, que me veux-tu ? qui t’amène à cette heure ?

Le mouvement se précipite et devient furieux. Les efforts de la Muse pour apaiser son enfant ne servent qu’à faire éclater la foudre :

         LE POÈTE.

    Honte à toi qui la première
    M’as appris la trahison,
    Et d’horreur et de colère
    M’as fait perdre la raison.
    Honte à toi, femme à l’œil sombre,
    Dont les funestes amours
    Ont enseveli dans l’ombre
    Mon printemps et mes beaux jours !

Longtemps encore les malédictions retentissent. Enfin il consent à écouter la Muse lu