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PROCÉDÉS FÉMININS À L’ÉGARD DE LA COMPOSITION

composition, avec l’aide d’un Saint-Saëns ou d’un Massenet ! D’esprit vif, dominée par le prestige du Maître, notre musicienne accomplit des progrès rapides, que le Directeur encourage, tout en exhortant à de continuels efforts. De ces exhortations il n’est guère tenu compte ; en revanche, les encouragements tombent comme rosée magique sur les jeunes pousses mélodiques impatientes de se propager, frêles et superficielles ainsi qu’un gazon fleuri.

Il fallait concentrer ses facultés dans l’étude abstraite, on les évapore en productions inconsistantes ; on pouvait devenir lucide dans le recueillement studieux, on s’aveugle dans l’éblouissement des premiers succès ; au lieu d’amasser des forces, on éparpille… des faiblesses ; et en place de la belle œuvre qu’un labeur sévère édifierait, on jette à tous les vents maintes pages d’une valeur relative.

Un autre grand défaut de la femme consiste à vouloir embrasser plus qu’elle ne peut étreindre, — ou pour présenter son cas sans périphrase – à se contenter de moyens strictement réduits à ce que paraît nécessiter ce qu’elle entreprend. Capable d’écrire quelques pages d’album, elle s’attaque, témérairement, à un symphonie ; assez instruite pour interpréter en connaissance de cause, elle se lance dans la composition, et ne daigne traduire Beethoven ou Schumann que lorsque ses études théoriques n’ont pas dépassé le solfège !

Du côté « exécution », elle s’acquitte allègrement et quotidiennement de dix heures d’exercices en faveur de l’assouplissement des doigts, mais n’accorde pas une