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L’AVENIR POUR LA FEMME COMPOSITEUR. — ADIEU À HOLMÈS

Depuis Augusta Holmès, nos « compositrices » connues n’ont pas donné des preuves très sensibles de valeur transcendante, et leur nombre ne semble pas s’accroître ; faut-il le regretter ou s’en réjouir ? Cependant, il y a effort, manifestation dans la voie du progrès ; dernièrement une jeune fille était admise à concourir pour le prix de Rome, peu s’en fallut qu’elle sortît victorieuse de la loge, et sa réussite incomplète ne signifie pas son indignité de la haute sanction : tant de maîtres ne furent pas prix de Rome ! tant de prix de Rome ne devinrent pas des Maîtres !!

D’une autre femme on annonce qu’un ouvrage important est reçu à l’Opéra[1], le premier depuis la Montagne noire, c’est-à-dire depuis dix-sept ans. Et le goût, les habitudes actuelles ne s’accommodent plus de ce qui pouvait convenir naguère ; des œuvres du genre de celles d’Holmès sont irrémissiblement bannies. On admettrait l’absence totale d’idée, de préférence à l’insuffisance de ce qui peut s’acquérir par l’étude. Raisonnablement, ce choix apparaît fort judicieux : le travail accroît sûrement les qualités naturelles ; sans culture approfondie, ces qualités végètent, s’étiolent ou sombrent, et plus elles sont considérables, plus elles exigent de ressources techniques. Après tout, les dons créateurs s’avéreraient-ils trop faibles, l’étude formerait toujours des musiciennes dont il risquerait de sortir une interprète hors ligne ; une nouvelle Clara Schu-

  1. J’ai déjà mentionné l’époque de l’achèvement de cette étude en avance sur les représentations du Cobzar à l’Opéra.